03/03/2022

La situation s’est significativement aggravée, alerte le nouveau rapport du GIEC

Le second volet du sixième rapport d’évaluation du GIEC a été dévoilé ce 28 février. Traitant du thème "Impacts, adaptation et vulnérabilité", il confirme les prédictions des précédents travaux du groupe d’experts sur l’évolution du climat. Wolfgang Cramer, écologue et géographe, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à l'Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale (IMBE) à Aix-en-Provence (France), qui a coordonné l’un des chapitres, revient dans Le Journal du CNRS sur les principales conclusions.

"Par des moyens scientifiques d’attribution formelle, nous montrons que les impacts du changement climatique sont manifestes dans la plupart des écosystèmes, des hydrosystèmes et des sociétés humaines. Nous avions déjà constaté beaucoup d’impacts lors du précédent volet, mais nous avons maintenant encore plus de certitudes et d’observations pour appuyer nos déclarations. Nous voyons cela notamment à travers les événements extrêmes, comme les canicules, les sécheresses ou les tempêtes", explique Wolfgang Cramer en précisant que les efforts d’adaptation au réchauffement climatique restent insuffisants, "notamment à cause des coûts qui augmentent en même temps que les températures".  "Les progrès de la science depuis le dernier rapport du GIEC, il y a sept ans, nous ont permis de démontrer que ces catastrophes sont de plus en plus courantes et que cette hausse est due, dans un grand nombre de cas, à l’activité humaine. Nous montrons également que la plupart des tendances et les projections des précédents rapports se sont confirmées, ou ont été en-dessous de la réalité : la situation s’est significativement aggravée." Il constate par exemple que la hausse du niveau de la Méditerranée s’accélère et provoque des changements du littoral plus violents que prévu lors du dernier rapport. "La vulnérabilité du littoral méditerranéen, pour ses écosystèmes comme pour les installations humaines et le patrimoine, est particulièrement importante car, jusqu’ici, la mer ne montrait que de faibles marées et rarement de grosses tempêtes touchant les côtes. Le niveau pourrait monter d’un mètre d’ici à la fin du siècle, comme partout dans le monde, ce qui serait catastrophique car les villes n’ont absolument pas été conçues pour y faire face. On pense bien sûr à Venise (Italie), mais la plupart des cités côtières sont en fait menacées, et en particulier Alexandrie (Égypte) et ses cinq millions d’habitants." "Pour changer les choses, nous avons besoin de davantage d’efforts financiers et technologiques, impliquant le soutien des pays du Nord, responsables de la plus grande partie des émissions de gaz à effet de serre", conclut l'expert.

CNRS Le Journal – IPCC Sixth Assessment Report "Impacts, Adaptation and Vulnerability"